Le Prince des Cornes

Dominique Pauvert

La religion carnavalesque

Le carnaval, envisagé dans son espace européen, est un ensemble de fêtes antérieures au christianisme, dont les liens avec d’autres fêtes de l’Antiquité grecque, romaine, proche-orientale, celte, germanique, etc., permettent de dégager des caractères communs invariables, qui se retraduisent dans les cultures populaires des pays européens, à l’intérieur et à l’extérieur du christianisme. Dans notre sphère géoculturelle de l’Europe occidentale, carnaval est bien une fête pagano-chrétienne qui se célèbre encore en marge du christianisme, ou en confrontation avec lui, et en marge de l’ordre civil établi. (…)

Le carnaval, loin d’être réduit à une parade où chacun se déguise comme bon lui semble, le jour de Mardi gras, si encore cette date est respectée, couvre en fait un cycle qui s’ouvre à partir de fin décembre (à partir de Noël ou de la St Nicolas) jusqu’à la période appelée carême, chez les Chrétiens. Carnaval est transmis selon des rituels et une liturgie populaires, dans la mesure où il a traversé les siècles, vêtu de diverses expressions et interprétations religieuses ou sociales, toujours grâce à la pratique populaire où, en quelque sorte, il s’est réfugié, qui dramatise et personnifie les périodicités du temps et les mythes. « Carnaval est un fait folklorique total dont les aspects agraires, cosmiques, saisonniers, épulaires, sociaux, [nous ajouterons mystiques], sont corrélés » : en somme, le carnaval est étudié comme une religion, c’est-à-dire comme un ensemble de croyances et de rituels convergents qui possèdent une dimension sacrée, touchant tous les domaines de la vie humaine et spirituelle, les rapports entre l’homme et la nature, depuis la nature environnante jusqu’à la nature la plus éloignée, notamment la plus sauvage.

20 x 28 cm, 280 pages richement illustrées.

35 €

Sortie en novembre 2025

SOUSCRIPTION

Pieter Bruegel, Le combat de Carnaval et Carême, 1559.