Arts et métiers du livre – Venus d’Ailleurs
Arts et métiers du livre – Michel Cadière
Jiri Hnilica : Cette année, on commémore 100 ans depuis la parution du Manifeste du Surréalisme. Cela fait quatre générations. Quelle est la position du surréalisme en France aujourd'hui?
Yoan Armand Gil : Je n’ai pas véritablement d’autorité en la matière mais ce que je peux vous dire c’est qu’après la mort d’André Breton, il y a eu en 1969 une crise au sein du mouvement qui est très peu connue ici du grand public. La grande exposition actuelle à Pompidou (et aucune autre avant) ne fait référence à cet épisode. En caricaturant à peine, l’histoire officielle est simple. Le surréalisme est mort avec André Breton. Peu importe après, peu importe ailleurs. Mais en France le groupe d’artistes et d’écrivains qui a poursuivi a reconstitué une activité surréaliste collective avec la publication d'un « Bulletin de liaison surréaliste ». Et en 1976, la publication de « La Civilisation surréaliste », orchestré par Vincent Bounoure et compilant nombre d’auteurs a marqué l’histoire du mouvement « post-Breton ».
Le surréalisme, ou la pratique surréaliste pour être plus précis et pour la détacher du « mouvement », ne peut plus se limiter à une généalogie plus ou moins directe. Aujourd’hui, les « originels » ne sont plus de ce monde à quelques exceptions prêts. Il est aussi important de dire que le surréalisme étant en soi libertaire, les histoires de territoire, d’héritage, de propriété et d’autorité peuvent devenir les maîtres mots de l’intrigue, avec ses pharisiens, ses gardiens du temple, ses révolutionnaires, ses commentateurs, ses dissidents, ses égarés, ses fashion victims...
Mais d’autre part, bon nombre de surréalistes ayant quitté le mouvement, avant comme après, et n’ayant pas dérogé au merveilleux surréaliste, ont fait leur chemin et ont marqué, à mon avis, durablement les esprits. Je pense entre autre à Annie Lebrun ou Sarane Alexandrian par exemple pour ne citer qu’eux.
Il ne faut pas sous-estimer non plus l’aspect « opératif », « hors du temps » des œuvres surréalistes qui sont à même de porter et inséminer le regard. De manière générale, le surréalisme a marqué durablement les arts et la vie et son influence sur les mentalités a été majeure, plus que ce que l’on pense à première vue. On pourrait le retrouver partout, même dans le pire. L’usage du mot est très largement abusif dans les médias où il est synonyme d’irréel, d’absurde, d’incroyablement horrible… Étrangement, il a toujours une connotation négative ou péjorative. Mais il ne désigne jamais ce qu'est véritablement le surréalisme.
Mais plus précisément, parfois de manière plus occulte ou underground, il y a des créateurs qui poursuivent le rêve, qui défit le « au pied de la lettre » pour mieux en toucher « l’esprit ». Pour moi, nous sommes passés de la civilisation surréaliste à la constellation surréaliste pour être aujourd’hui dans la nébuleuse surréaliste...
J.H. : Si vous deviez mettre en avant les groupes surréalistes, les personnalités, les livres, les films, les arts plastiques surréalistes d'aujourd'hui à quoi et qui songiez-vous?
Y. A. G. : C’est une question difficile car les réponses sont multiples et le devoir de brièveté rend toujours la réponse trop partielle. Il y a un grand nombre de choses dont certaines extraordinaires. À l’origine je suis artiste et je me suis lancé dans l’édition et les expositions pour partager avec mes congénères. Nous rencontrions les mêmes problèmes de visibilité et nous partagions la même appétence pour le merveilleux, l’onirisme et la surréalité dans un monde très « rationné ». Nous avons fondé avec Aurélie Aura « Venus d’ailleurs » qui est aujourd’hui le vaisseau de nos activités et qui réuni bon nombre de créateurs originaux souvent en marge.
L’esprit du collectivisme surréaliste se retrouve dans l’édition en France. Il y a des revues très actives. Pour en citer quelques unes : La revue A, In Toto, Alcheringa, les cahiers Breton, infosurr… La plupart du temps ces revues sont affiliées à des maisons d’éditions publiant un grand nombre d’ouvrages relatifs.
J. H. : Les expositions, que vous organisez, ont toujours un volet international. Comment voit-on le surréalisme tchèque en France ?
Y. A. G. :Nos expositions n’ont pas systématiquement un volet international mais il est vrai que depuis quelques années c’est un aspect qui prend de l’importance. Mais cela s’est fait « naturellement » sans chercher si je puis dire. À l’heure de la dévastatrice mondialisation, il est peut-être bon de montrer que la création peut nous réunir ? Qu’il y a à différents endroits du monde des créateurs opérant « l’attraction passionnée ».
Je suis très heureux d’avoir eu la possibilité d’exposer les œuvres d’Eva Svankmajerova, Jan Svankmajer et Martin Stejskal lors de nos deux dernières expositions. J’ai une admiration de longue date pour leurs œuvres. Je suis fier d’être parmi les premiers à avoir diffuser les films de Jan Svankmajer dans le sud de la France il y a 25 ans et d’avoir exposé quelques-unes de ses œuvres depuis. Pour les deux dernières expositions, le contact a été facilité par Marie-Dominique Massoni, ex membre du groupe surréaliste de Paris avec qui nous travaillons ainsi que Bertrand Schmitt, membre du groupe surréaliste de Prague qui nous a mis en contact avec le centre culturel Tchèque de Paris et qui nous a offert son partenariat.
J. H : Vous avez été un des commissaires de l´exposition "Le surréalisme et l'alchimie" qui ouvrait le nouveau musée à St-Cirq-Lapopie, pourquoi ce sujet?
Y. A. G. : Le projet s’est construit au départ sur la réalisation de plusieurs publications. Je travaillais depuis quelques temps sur René Alleau qui fut un éminent spécialiste de l’alchimie proche d’André Breton dans les années 50. Un premier livre était consacré à son œuvre graphique encore alors complémentent méconnue. Le deuxième livre présentait la surprenante correspondance de René Alleau avec André Breton. Quand les deux projets de publications ont été présentés à la rose impossible, association ayant en charge la Maison André Breton à St-Cirq-Lapopie, l’idée d’exposer les aquarelles et collages inédits de René Alleau a émergé. Rapidement, un projet plus ambitieux a vu le jour en élargissant aux relations entre le surréalisme et l’alchimie en prenant René Alleau comme épicentre de la proposition. René Alleau ayant des relations suivies avec certains membres du groupe surréaliste de Prague et ayant effectué plusieurs voyages dont un pour l’exposition « Opus Magnum », il était impératif d’inclure leurs œuvres dans l’exposition.
J. H. : Comment, rétrospectivement, vous voyez ce projet (installation, visite, écho) ?
Y. A. G. : Cet aspect du surréalisme d’après guerre était peu connu et ce projet a permis de présenter de nouvelles perspectives inédites qui sortaient du narratif habituel. Nous avions peu de moyen mais de grandes exigences. Elles ont été réalisables grâce à un réseau d’artistes, écrivains, collectionneurs et institutions qui a répondu à l’appel avec enthousiasme. Rien n’aurait été possible sans cet élan commun, sans ce partage de passionnés. L’exposition a été largement visité et a fait l’objet d’une suite au musée de la Franc-maçonnerie à Paris ou la « matière » de cette première exposition a donné lieu à un nouveau chapitre traitant des rapports entre surréalisme, alchimie et franc-maçonnerie. Les titres respectifs de ces deux expositions, « à flanc d’abîme » et « Le château étoilé et la parole perdue » font tous deux références aux vers d’André Breton extrait de « l’Amour Fou » où il évoque le pavillon d'été Hvězda. Une nouvelle suite à cette exposition ? L’évidence pourrait pousser à la réalisation du rêve… Qui sait.
Comme je le disais plus avant, les publications autour des projets ont été importantes et deux catalogues conséquents ont vu le jour. L’équipe qui s’est constituée a pris énormément de plaisir à travailler ensemble ne pouvait en rester là. Pour l’instant l’aventure va se poursuivre avec une nouvelle revue intitulée « Halo », jeu de mot lumineux et clin d’œil à la personne avec qui tout a démarré.
J. H. : Que signifie le surréalisme pour vous-même ?
Y. A. G. : C’est l’exigence panique d’un chaton mercuriel sirotant le foie d’un vieillard imaginaire.
Artension – Darnish
Les Bergers des étoiles
Par Rosine Bulher
à propos de l’exposition Théâtres de la mémoire.
Le Pavillon Charcot à la Salpetrière devait accueillir quelques artistes allemands. Le Pavillon étant fermé, j’eu une pensée pour Charcot qui, après Géricault, avait fait vêtir les malades mentaux, retirant ceux-ci à la risée dominicale qui menait les promeneurs au spectacle de la misère enchaînée.
La Chapelle dont le dôme est un repère concluait une allée de platanes. Le ciel parfaitement azuréen ouvrait grand sa perspective. Sur le seuil, je tombais sur Alexandre Ponomareb.
Son œuvre, un périscope géant monté par les chasseurs alpins, traversait l’édifice et à l’intérieur de la Chapelle recevait le regard du visiteur qui en déplaçant le viseur déplaçait sa moisson de regards sur les murs. Chien pissant le long d’un arbre, jeune fille récoltant les objets tombé de son sac entre les pattes de la Tour Eiffel, jeune femme à l’opulente devanture arrosant des fleurs sur un toit, près de l’Institut.
« J’ai voulu, puisque je suis invité dans cette chapelle, où seuls les valides sont en mesure de se rendre, que l’image de la ville soit donnée à tous les malades par des moniteurs reliés à la chapelle, dans leur chambre. La lumière. La vie. La joie. »
Le lendemain le TGV me déposait à Nîmes d’où j’allais à Uzès. Déjà les gorges du Gardon son lit desséché, ses roches à la pointe sèche que la tombée du jour dessine, et puis Uzès, l’Hôpital Général, l’ordonnance équidistante, la chapelle, le couloir militaire et les cellules de guérison.
Un film extraordinaire présentant l’exposition « Théâtres de la Mémoire » avec Pier Tardif en montreur d’œuvre qui nous a précédé corps présent, réponse vivante qui interroge. Dans la première édition en allemand de la Bible de Luther, une main minuscule s’imprime au-dessus des réponses à l’interrogation des croyants. Cette main vivante énonce les œuvres, les désigne.
Ici les artistes ne sont pas des espoirs, des flottements. La main désigne un artiste complet comme un arbre est complet avec ses racines, son tronc, ses branches, ses feuilles, son ciel. C’est une forêt et je n’ai pas retenu le nom de tous les arbres. Il est inévitable d’être injuste de ne pas tout voir…
Benoît Pingeot étonnant portrait de Brauner, devisant avec une planche et un fer à repasser, lissant la bordure des rêves.
Aurélie Aura pousse les fenêtres d’un édifice intérieur éclairé par la Lune, des objets apparaissent ciselés, immuables, entr’aperçu ressurgissant de l’enfance, magiques, que Sir Cecil Beaton aurait adoré – puisqu’il n’a photographié que la coquille des apparences.
Charles Dreyfus qui chuchote sur des objets de verre ses aphorismes, comme on écrit l’essentiel sur une vitre embuée.
Y. A. Gil, un petit-fils de Joseph Beuys, notre double végétal, suspendant des sculptures de shaman au bois de cerf à l’angle d’une corniche, ou au sol déployant une érection d’amandier, ou se décalant d’un massif avec un masque de roses rouges.
Augustin Pineau a mis le pied dans un collet posé il y a bien longtemps par Van Eyck dans l’agneau mystique. Pour déjouer les lois de Ptolémée, ainsi ses collages ont-ils des vrilles topologiques, des perspectives feuilletées, rieuses, tel que l’Etoile au fond – bleue et transparente, étoile d’univers.
Bruno Garrigues avec ses dessins qui murmurent l’empreinte des parisiennes dans les jardins de l’été, les vélos allongés dans la chaleur, le rire arrêté sur les lèvres d’Eros. Commentant la Joconde et Watteau et Duchamp dans les croisements de signes qu’ils représentent au-delà des temps historiques.
Et puis après le tumulte des couloirs, la porte s’ouvre sur une gentille table de nuit genre 1860. Sur le plateau du bas un panda guette, forme ovoïde noir et blanc, Yin et Yang cerné par une couronne de bambous au sol, dont le parfum vous enrobe, vous soulève, vous allez vous endormir, vous n’êtes plus là. « C’est la première fois que j’arrive à la simplicité, dit Yves Reynier. J’avais envie de faire une pièce apaisée. »
« Un objet métaphorique. La nuit. » Une corne de rêve, une table de nuit. Étoilée.
Ce qui lie cette forêt, sa force qui s’entend et se respire ne tient pas à la technique, ni au matériau utilisé, ni à la forme des représentations, mais à une loi mathématique immuable. Tout ce qui s’élève converge.
Jeux de mots
Par Hélène Fabre
à propos de l’exposition Théâtres de la mémoire.
Vingt et un artistes, plasticiens, musiciens, cinéastes, écrivains et comédiens venus de Paris, Nice, Chartres, Rome et Nîmes formant une grande famille de pensée, investissent l’ancien hôpital d’Uzès autour de l’exposition « Théâtres de la Mémoire ». Une exposition évènementielle avec de nombreux rendez-vous, vernissage bien sûr, mais aussi, samedi 29 septembre, une conférence performance de Bruno Garrigues à 17 heures sur la « Joke onde », suivi d’une lecture de « Histoire du Monde en 500 mots » d’Eugenio d’Ors par Hervé Binet.
Ayant pris comme précepte « un rébus qui se résout en exposition », Y.A.Gil et Aurélie Aura, commissaires de l’exposition, nous font découvrir tout à la fois le lieu et l’œuvre de chaque artiste qui s’articule sous forme de cabinet de curiosités. A nous de faire notre parcours du jardin à la chapelle en passant par les étages, dans tous ces lieux, un indice attend, une mémoire rôde, une œuvre règne. A nous de trouver les clefs et d’être réceptif à cet ensemble qui renvoie à une citation de Paul Valéry « Que serions-nous donc sans le recours de ce qui n’existe pas ? »
MIDI LIBRE – Livres d’artistes :
Les nîmois à la page
« VENUS D’AILLEURS » élargit ses horizons
Cette bande-là est un peu la fierté de l’édition artistique dans le Gard. En quelques années, les fondateurs de Venus d’ailleurs. se sont fait un nom. Déjà en vente à Paris, bientôt à Bruxelles, la revue – composée de trois livres – imaginée par Yoan, Aurélie, Augustin, Rémy, et leurs nombreux amis, est une histoire d’un challenge réussi. « Nous voulons montrer le travail de l’artiste directement plutôt que de présenter le discours critique habituel dans les revues (…) faire en sorte que la revue soit un objet d’art à part entière. » trois ans après le début de l’aventure, les Nîmois peuvent se permettre de développer de nouvelles collections, des carnets de dessins notamment. L’un des derniers parus, signé Michel Cadière…
Multiprise – Venus d’Ailleurs etc
Karine Marchand
Multiprise, Courants artistiques en Midi-Pyrénées – Mars 2011
Ce qui interpelle et attire l’œil du lecteur au premier abord dans les créations des Venus d’ailleurs, c’est cette profusion de formes, cette multitude de possibles et d’expérimentations plastiques, poétiques, débridées et audacieuses. Se jouant des frontières des genres, le nom Venus D’Ailleurs devient le symbole d’un collectif extensible et hybride, sans domicile établi, où cohabitent artistes, et écrivains, mais également, ‘patascientifiques, ésotéristes, cinéastes, musiciens…
Leurs activités communes débutent en 2006 avec la parution de Venus D’Ailleurs, publication thématique à la fois revue et objet d’art. Elle se présente en trois volets : une exploration collective qui fait figure de petite exposition portative, une carte blanche laissée à un artiste, et enfin la réédition d’une œuvre du passé. Issus d’une famille d’esprit allant du maniérisme au symbolisme, de Dada à Fluxus et du surréalisme à Panique, ils explorent ainsi des thèmes tels que : Eros, Géométrie
magique, Procédés littéraires, Humour noir…
Les contributeurs évoluent dans Venus d’Ailleurs sur un mode subtilement anarchique et proposent d’ouvrir un dialogue sans restriction… Avec le temps, le collectif se forge une identité polymorphe, intrigante, qui se déploie sur les tables de leurs lieux d’expositions, rappelant les cabinets de curiosités du XVIème siècle.
De manière presque emblématique, le dernier numéro de la revue traite de « la science et l’imaginaire »… Le seul savoir absolu possible ou tangible est celui que nous percevons en nous-mêmes, le collectif des venus d’ailleurs travaille à rassembler le sensible et l’intelligible : une incitation à trouver des solutions imaginaires ?
Depuis la première publication, Venus d’Ailleurs n’a cessé d’évoluer. Le collectif s’est transformé en maison d’édition expérimentale, génératrice de rencontres, d’évènements, d’expositions… en collaboration avec d’autres collectifs, associations, musées et galeries. Leur dernier né, le magazine Callibristis, terme utilisé par Rabelais pour désigner tour à tour le sexe féminin et masculin… Il s’agit dans un monde de plus en plus aseptisé, où les tabous tombent tout en imposant une norme au désir, de traiter de magie sexuelle, d’un véritable éros qui parle de l’humain dans ses fondements : l’interstice érotique de la rencontre…
Le gueuloir
Nîmes
Mais qui est Venus, d’ailleurs ?
VENUS D’AILLEURS – au départ – est une revue créée en 2006 par un groupe d’artistes et d’écrivains multi-générationnel, réuni par un même état d’esprit.
Devenue une société d’édition à part entière, V.D.A explore depuis cinq ans les lois secrètes de la découverte et du mélange des genres où poètes, ‘patascientifiques1, ésotéristes, noopticiens2, cinéastes, musiciens et artistes se retrouvent d’un commun accord pour édifier ces musées portatifs. Laboratoire d’expérimentations graphiques débridées et lieu d’échange loin du traditionnel livre d’artiste, VENUS s’acoquine d’ailleurs avec Umour3 aux livres à systèmes, aux boitages curieux, aux illusions d’optique, à l’eroscopie4 et aux jeux en tout genre…
– Quand et comment vous êtes vous regroupés? Combien de membres comptez-vous?
Y.A.G : Nous avons commencé à faire de l’édition il y a 5 ans environ. Étant Outsider, jeune, pauvre et en province, nous avions beaucoup de difficulté à montrer nos œuvres. Nous nous sentions isolé du monde de l’art parce que « pas tendance », « vieillots présupposés kitch », « pas très art contemporain comme il faut ». Nous nous sommes aperçu que nous n’étions pas seul dans ce cas et que ce n’était ni un problème lié à la localité, ni à la génération… Il y avait pas mal d’artistes « venus d’ailleurs », des OVNIs, des extra-terrestres, des habitants de mondes parallèles et V.D.A compte aujourd’hui presque 80 participants. Nous aimions les livres et une revue était un bon moyen d’exister : Un musée portatif, une zone autonome temporaire5.
– Comment avez-vous choisi votre nom?
Y.A.G : Un soir, j’avais réalisé un petit portfolio avec mon imprimante dans l’idée de l’offrir à ma compagne. J’avais intitulé ça Venus d’ailleurs – le jeu de mot était drôle et évocateur. Par la suite, on a décidé de nommé la revue ainsi… puis les éditions…
– Que produisez-vous, et à quelle fréquence?
A.A : En 5 ans, notre production s’est franchement diversifiée. Nous avons édité un cinquantaine d’ouvrages. En plus de la revue semestrielle qui est toujours l’axe principal de nos publications, nous avons développé une dizaine de collections avec différents collaborateurs. La collection Anima par exemple est consacrée aux films d’artistes et au cinéma expérimental, les collections Pallas Hôtel et Poiêsis sont dédiées à la poésie et la littérature. Les autres collections sont surtout orientées vers les arts plastiques. Il y a des Carnets de dessins, des monographies, des livres d’artistes…
– Comment procédez-vous pour la création d’un numéro? Comment se passe la chaîne de l’idée à la création?
A.A : En fait c’est joyeusement anarchique… Au gré des rencontres, à l’échelle du vivant. Nous utilisons le hasard objectif6. Après c’est une histoire d’atomes crochus… de quelques accidents signifiants… et avec les années, nous sommes devenus maitres dans l’art du système D.
-Dans quels arts et disciplines puisez-vous votre inspiration artistique?
Y.A.G : Notre souhait est de réunir des artistes « en marge » animés par un même état d’esprit, le gout de l’étrange, l’art du collage et l’art magique. Une famille de pensée s’étendant du maniérisme au surréalisme, de Dada à Fluxus, du symbolisme à Panique et à la pansémiotique…
– Quelles types de manifestations vous font connaître? (expos, salons)
A.A : Nous participons à de nombreux salons d’éditions et expositions en France et à l’étranger (en Belgique dernièrement). Nous développons des partenariats durables avec d’autres structures comme Neg Pos et 340 Ms par exemple, pour ne parler que du tissu local.
– Avez-vous des projets pour les mois à venir?
A.A : Oui, pas mal… 5 projets d’éditions sont en courts… Le tarot de Michel Cadière, les dessins d’Alain Snyers, une réédition du fantôme de l’opéra accompagnée d’un dvd avec une nouvelle bande originale signé Yan Lecollaire… Niveau événement, il y a quelques rendez-vous. Nous ouvrons un petit lieu d’exposition à Paris, la galerie 17 situé en plein cœur de Montmartre. A Nîmes, nous organisons un festival du 9 au 18 Novembre avec des expositions, des concerts (le fantôme de l’opéra au Périscope), des projections, des signatures… la liste est un peu longue, il faudra se tenir au courant !
1 ‘Pataphysique : Science des solutions imaginaires inventée par Alfred Jarry.
2 Nooptique : Mode de vision employé lorsque l’esprit convoque l’imaginaire pour permettre aux yeux de voir sous la surface des choses. Méthode employée par le professeur Géo Matiche de l’académie des sens. Définition selon Le Petit Roobert : Nooptique [nəəptik] adj. et n.f. gr. noos , noûs « esprit » et optikos « relatif à la vue »
3 Umour : en référence à Jacques Vaché. Mot valise, contraction des mots Amour et Humour.
4 Eroscopie : érôs skopein. Littéralement, observer l’amour…
5 Z.A.T, T.A.Z – livre de Hakim Bey
6 Hasard Objectif : rencontres, événements inattendus, coïncidences, rebelles à un continuum logique, mais qui résolvent des débats intérieurs, matérialisent des désirs inconscients ou avoués.
Occitanie Livre et Lecture – Maillon 4