Félix Régamay

Il y eut en Verlaine, au début de sa carrière, un grand dessinateur, généralement ignoré, s’ignorant lui-même.
Quiconque sait lire dans les images est frappé de la puissance d’expression exceptionnelle qui s’affirmait alors dans ses moindres croquis.
Les quelques planches qui figurent dans ce recueil suffiront à le prouver.
De science, aucune ; nulles fioritures ; rien d’inutile. Chaque coup porte, comme chez les maîtres japonais, où tout est accent, jusque dans le plus petit trait, et concourt à l’effet d’ensemble.
Chez Verlaine, l’artiste ne doit rien à l’étude. Son dessin candide n’est autre chose que l’émanation directe de la pensée, servie par une vision intense et le plus souvent sarcastique du monde des formes. Et la main, qui n’a subi aucun exercice de dressage, domptée par le cerveau, se fait docile, et s’élève bien au-dessus des sempiternelles et fades redites calligraphiques des professionnels du chic.
44 pages. 14×18 cm
8 €