Le château étoilé et la parole perdue

26 avril – 22 septembre 2024

Musée de la franc-maçonnerie

Hôtel du Grand Orient de France

16 rue Cadet 75009 Paris

René Alleau, Fernando Arrabal, André Breton, Jorge Camacho, Giorgio De Chirico, Antoine-Denis Chaudet, Ithell Colquhoun, Adrien Dax, Guy-René Doumayrou, Elie-Charles Flamand, Jacques Hérold, Charles B. Jameux, Marcel Jean, Jean-Pierre Lassalle, Patrick Lepetit, Pierre Mabille, Marie-Dominique Massoni, Mimi Parent, Dominique Paul, Serge Pey, Bernard Roger, Endre Rozsda, Roland Sig, Martin Stejskal, Eva Švanmajerova, Jan Švankmajer, Roger Van Hecke…

Curateurs de l’exposition :

Patrick Lepetit, Pierre Mollier, Laurent Segalini, Yoan Armand Gil

Consultants :

Emmanuel Bauchard, Camille Coppinger, Marie-Dominique Massoni, David Nadeau

Jean-Pierre Lassalle

Le 15 octobre 1924, paraissait, sous la plume d’André Breton, Le Manifeste du surréalisme.

L’année 2024 marque donc le centième anniversaire de la naissance de ce grand mouvement artistique et poétique qui a exercé une influence majeure sur la création et la culture du XXe siècle ; en France, bien sûr, mais aussi dans de beaucoup d’autres pays. À côté de nombreuses manifestations organisées pour ce centenaire, le Musée de la franc-maçonnerie propose lui aussi une exposition autour du surréalisme. Il s’agit moins de commémorer que de saisir une occasion de comprendre le questionnement essentiel que mettaient sur la table de la modernité André Breton et ses amis, au lendemain du drame de la Première guerre mondiale.

Présente dans notre pays depuis près de trois siècles – et particulièrement active sous la IIIe République – il n’est guère étonnant que des artistes aient, à un moment ou à un autre, croisé la franc-maçonnerie. Mais il y a plus que cela et c’est ce qui donne la matière de cette exposition. L’origine même du terme surréalisme touche un peu à la franc-maçonnerie. C’est en effet, en 1917, dans une lettre de Guillaume Apollinaire au poète Paul Dermée qu’apparaît le mot. Or Dermée (Camille Janssen, 1886-1951) est non seulement franc-maçon mais aussi un des cadres du Grand Orient de France. L’homme est un, et Dermée ne vit pas ses choix artistiques indépendamment de son implication en loge. De même, quelques années plus tard, il y a des résonances entre le travail littéraire de Philippe Soupault, co-inventeur avec Breton de l’écriture automatique, et son engagement au Grand Orient de France.

L’exposition s’intéresse à une période moins étudiée – et peut-être même volontairement un peu oubliée – du surréalisme : l’après Seconde guerre mondiale. Dès ses débuts, André Breton témoigne d’une vraie curiosité pour l’hermétisme. Il y voit une approche qui permet d’accéder à des profondeurs méconnues de la psyché humaine et de féconder une création poétique nouvelle. Cet intérêt se manifeste ostensiblement en 1945 avec la publication d’Arcane 17 puis, en 1957, avec ce livre inclassable et fascinant qu’est L’art magique. Entre 1945 et jusqu’à sa mort en 1966, Breton va rassembler autour de lui de jeunes artistes dont le travail se nourrit des traditions initiatiques et symboliques. Beaucoup d’entre eux sont franc-maçons et font de leur pratique maçonnique une source de leur production poétique.

C’est à la découverte de cette rencontre inattendue entre surréalisme et franc-maçonnerie que nous convions le visiteur.

Cette manifestation se situe dans le prolongement de l’exposition « Surréalisme et alchimie » organisée l’été dernier par La Rose Impossible pour l’inauguration de la Maison André Breton à Saint-Cirq-Lapopie. Nous avons été particulièrement heureux et fiers de participer à la réouverture de ce lieu magnifique et dorénavant si important pour l’Histoire de l’art du XXe siècle.

Bienvenue dans ce voyage entre symboles, imaginaire et poésie !

Guillaume Trichard

Grand Maître du Grand Orient de France

Président du Musée de la franc-maçonnerie

Roland Sig

Merveilleux

L’appétence des surréalistes pour le merveilleux est bien connue. Tendant à atteindre l’inconscient tel qu’il s’exprime à travers toutes les aspirations du désir, le « hasard objectif », les jeux collectifs (comme le cadavre exquis) et « l’automatisme psychique » seront leurs méthodes de prédilection. Déjà en 1924, dans le premier manifeste du surréalisme, André Breton énonçait une formule aujourd’hui devenue emblématique : « Le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit beau ». Il ajouta plus tard en 1962, dans la préface de la réédition du Miroir du merveilleux de Pierre Mabille que « le merveilleux luit à l’extrême pointe du mouvement vital et engage l’affectivité tout entière ».

Et c’est bien cette affectivité toute entière abandonnée à l’émerveillement qui va abreuver le mouvement surréaliste et qui lui donnera les clés perpétuelles pour se réinventer. La période d’exil, malgré les difficultés de l’Histoire, sera un tournant majeur pour le mouvement en voix d’occultation. Le surréalisme œuvra alors au fondement d’un nouveau mythe – celui des « grands transparents » – qui sous l’influence de l’alchimie et de l’utopiste Charles Fourier, marquera l’imaginaire surréaliste de l’après-guerre.

Roger Van Hecke, Le groupe surréaliste au désert de Retz

Alchimie et parole perdue

Si l’imaginaire surréaliste est marqué par l’imagerie et les théories alchimiques comme nous venons de le voir, il n’en ait pas moins de l’imaginaire maçonnique, loin de là.
Cet intérêt commun pour l’alchimie est justement le point où se rencontrent ces deux « fraternités ». Le « cas Fulcanelli », célèbre alchimiste du XXe siècle et auteur de deux ouvrages aujourd’hui devenus incontournables, y est pour beaucoup.
La grande vitrine centrale de la salle d’exposition présentera un grand nombre d’œuvres et éditions alchimiques et maçonniques exceptionnelles, réalisées entre le XVIIe et le XXe siècle et issues du fond du musée de la franc-maçonnerie et de collections privées. Ce sera l’occasion de présenter ici le fruit de nouvelles investigations, sur les « sources » de Fulcanelli, qui ont conduit jusqu’à un certain Antoine-Denis Chaudet…

Pierre Mabille dans le film « Le test du village »
de Jean Raine

CONVERGENCES

entre le surréalisme d’après-guerre et la franc-maçonnerie

Pierre Mabille, mort en 1952, fut l’initiateur avant-guerre de l’intérêt porté par les surréalistes à l’hermétisme et son influence fut de première importance.
C’est ainsi que le surréalisme d’après-guerre, sous le signe des « grands transparents » et de son attirance croissante pour l’ésotérisme, voit ses rangs s’élargir avec toute une nouvelle génération inventive : René Alleau fascine les surréalistes avec ses conférences sur l’alchimie, Endre Roszda et Fernando Arrabal quittent leurs pays natal respectifs pour s’installer définitivement à Paris, Jean-Pierre Lassalle rencontre Adrien Dax à Toulouse…
Les tentatives de René Alleau de fonder un groupe de réflexion sur la science hermétique et l’alchimie, avec le cercle «Hermès», ne se concrétiseront, finalement, qu’au sein de la Loge Thébah à la fin des années 1950 avec nombre d’anciens surréalistes.
Par la suite, alors que Charles-Bernard Jameux intègre le groupe de Paris réuni autour d’André Breton au café La promenade de Vénus et que Jorge Camacho passe au fourneau, Roland Sig cultive, depuis un certain temps, le secret…

René Alleau, Vierge alchimique, aquarelle.

PAR DELÀ LE SURRÉALISME, MARGES, ALENTOURS ET CROISEMENTS

De nos jours, cent ans après la publication du premier manifeste, le surréalisme irrigue durablement la création contemporaine et ses ramifications sont multiples à travers le monde.
Certaines personnalités, issues du mouvement ou héritières en idées comme en amitiés, ont gardé le goût du mystère initiatique.
Patrick Lepetit met en lumière cette histoire fantastique, tout en pratiquant discrètement dans l’ombre, le collage. Serge Pey, tel un torrent et dont les voyages l’ont conduit au Mexique auprès d’Octavio Paz ou Leonora Carrington, ne manque pas de solutions imaginaires illuminées, toutes aussi pratiques que poétiques.
Marie-Dominique Massoni et Dominique Paul, toutes les deux membres du groupe de Paris jusque dans les années 1990, ne dérogeant pas aux nécessités premières du réenchantement du monde et de la refonte de l’entendement humain, s’épanouissent aujourd’hui poétiquement

Dominique Paul, Le pouls des loups

INFORMATIONS PRATIQUES

Musée de la franc-maçonnerie

Hôtel du Grand Orient de France

16 rue Cadet 75009 Paris

Métros : Cadet (ligne 7) ou Grands Boulevards (lignes 8, 9)

Station Vélib’ : Cadet (24-26 rue Cadet)

Ouvert du mardi au vendredi : 10h-12h30 / 14h-18h

Samedi : 10h-13h / 14h-19h – Dimanche : 10h-12h30 / 14h-18h

Fermeture les lundis et jours fériés.

01.45.23.74.09 – www.museefm.org

Contact presse : Lucie Masse, chargée des publics et de la médiation

lucie.masse@godf.org – 01.45.23.74.09

Télécharger le dossier de presse

Patrick Lepetit, hommage à Camacho

Catalogue de l’exposition

20 x 28 cm, 184 pages couleurs. 29 €

ISBN : 978-2-494788-06-0

Venus d’ailleurs éditeurs

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Disponible à la librairie du musée

Au sommaire :

Guillaume Trichard, Avant propos

Théo Plantefol, Le merveilleux surréaliste

Guy Girard, La main du grand transparent

David Nadeau, Le « Talisman de Charles Fourrier » : faux ou authentique ?

Patrick Lepetit, Ittel Coquhun, franc-maçonne et surréaliste oubliée /

Roland Sig, découverte d’un surréaliste / Jorge Camacho «anartiste»

Emmanuel Bauchard, Pierre Mabille et la logique initiatique

Pierre Mabille, Le secret de l’initiation

Laurent Segalini, Fulcanelli, Chaudet et Philovite…

René Alleau, L’origine de la franc-maçonnerie

Jean-Pierre Lassalle, André Breton et la Franc-Maçonnerie

Pierre Mollier, Jean-Pierre Lassalle /

Surréalisme et initiation, la loge Thébah en 1960

Marie-Dominique Massoni, Habiter l’analogie,

les îles volantes de l’architecture utopique

Ivo Purš, René Alleau et Prague

Charles Jameux, Anarchie, surréalisme et Franc-maçonnerie

Patrice Conti et José Mangani, Le parcours maçonnique d’Endre Rozsda

PARTENAIRES DE L’EXPOSITION

LA ROSE IMPOSSIBLE et Le CISCM

(Centre International du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale)

sont gestionnaires des Maisons André Breton et émile-Joseph Rignault à Saint-Cirq-Lapopie et ont pour mission de défendre, pérenniser et valoriser les valeurs vivantes et actuelles du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale en consacrant ces bâtisses, selon les termes de Julien Gracq, en « refuge contre le machinal du monde ».

ciscm.fr

Le Centre tchèque de Paris

Il a pour mission de participer au dialogue culturel et artistique franco-tchèque et promouvoir la culture tchèque en France, son homologue français etant l’Institut français de Prague.

paris.czechcentres.cz/fr

La C.A.P.U.T.

regroupe des œuvres (plus de mille à ce jour) trouvées essentiellement en brocante.

Relevant souvent de l’amateurisme, elles peuvent toutefois s’en éloigner : ce qu’on croise, au hasard de la chine, est très varié — d’un art enfantin, voire infantile, à des œuvres d’artistes expérimentés, en passant par la gamme très vaste des « artistes du dimanche » ou par les bricoleurs, les artistes d’une seule œuvre, etc.

Initiée en 2005, la C.A.P.U.T. est dirigée par Céline Brun-Picard et Grégory Haleux.

Roger Van Hecke, GADLU,
Collection de l’Art Populaire et de l’Underground Tacite

(C.A.P.U.T)