Alerte aux humains

Tristan Felix

Poèmes et photographies

10 x15 cm, 82 pages couleurs.

Comment penser…
… sinon se laissant traverser par le multiple de soi, sa fureur et sa grâce, son objet comme son sujet, son ombre et sa lumière ; penser non pour statuer, statufier, mais se suspendre, douter, mécomprendre, se livrer au vivant, électron libre dans la mêlée vorace, édenté comme dentu ; s’ouvrir à la découpe, se fendre en deux pour mieux laisser les vertèbres gravir l’escalier qui ramène à la conscience, une conscience asphyxiée par le piétinement, le rapt chimique, la ruée, la curée, l’étranglement du sens, la stérilisation de la beauté, la rance finance – une conscience comme une motte de terre presque morte privée de ses lombrics, de ses galeries insoupçonnées où circulent les plus succulents sucs, une conscience à irriguer de larmes jaillies comme par miracle d’une source tarie, tapissée d’arêtes et d’écailles ternies ; car l’eau s’évapore du sang, du corps broyé, elle est sueur régénérée des marais délétères, des urines royales ; se perdre éveillée dans le chaos de l’immonde à la pelle fossoyeuse, fouir le cadavre, tâter en tous sens les muscles du prédateur, s’en servir pour soulever l’enfant perdu, l’enfant pendu, jouer des coudes aux élastiques distendus pour tordre la Loi, grand ouvrir la gueule pour l’entendre aboyer, lui substituer un chant, pas d’amour, non, plus tard, pas encore, une cadence pour d’un pied sur l’autre enjamber les cailloux, les scandales, les compter mot à mot, ce sera un peu secret, à l’envers, facile avec un miroir un petit peu cassé pour tout de même ne pas s’imaginer que tout est lisible ; il est des mots comme des étoiles filantes qui d’être lus disparaissent; un éclat de miroir les coince et c’est déjà l’Histoire qui commence, son archive vivante…
TF

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