Frédéric Clavère

Du côté du temps et du secret.

Il commence toujours à peindre dans le noir, même en plein jour. Il peut peindre une femme à barbe dans le noir. Ou un officier polonais pendu par un pied avec un bâton dans le cul, empalé.

Il peut se peindre lui-même entièrement dépecé. Il adore faire le détail.

Dans sa peinture il y a beaucoup de corps, partout. Des corps fragmentés aussi. Des jambes. Des corps sans tête. Tête posée au sol. Visages masqués par des loups. Et des objets à secrets aussi : cordes, scies, chapeau, masques ( loups ), voitures. Les titres de ses tableaux ( Le nu descendant la Canebiére, In media res, Speak easy, Bez tytul ( sans titre en polonais ).

Orchestration infecte qui n’a d’ailleurs servi qu’à enterrer des maréchaux et des présidents assassinés ) sont accessoires et peu fréquents. La plupart de ses tableaux sont sans titre.

Il peut peindre avec tous les tons de gris, en grisaille, autant qu’avec l’orange minium ; ainsi ce squelette de cheval en orange fluo ; mais sinon il jouera large les couleurs, les supports et la technique, à travers histoire et tradition de la peinture.

Jean-Pierre Ostende

Extrait du catalogue de l’exposition Lundi Jamais ( Galerie du Tableau, Marseille et Kunsthaus Hambourg, Allemagne, 1998

Site : documentsdartistes.org

Ouvrage : VENUS D’AILLEURS, la revue N°7