De l’androgyne

Joséphin Péladan

Théorie plastique

Si on écrivait une histoire de la beauté, il faudrait bien conclure et dégager, des variétés de temps, de race et de lieu, la conception foncière de l’esprit humain.
Il y a de fortes raisons pour que le sentiment universel et permanent exprime la vérité : il manifeste du moins le génie de l’espèce.

Cette colossale entreprise de satisfaire aux besoins spirituels qu’accomplissent les prêtres et les artistes, depuis qu’il y a des sociétés, représente le titre suprême de l’homme à l’immortalité. Nous sommes d’accord sur la morale qui est nécessaire, nous différons sur la beauté qui semble inutile au plus grand nombre. L’illettré possède souvent une notion exacte de la justice ; l’homme se trouve fatalement appelé à être juge, à se comparer aux autres ; et le droit apparaît comme la fleur spontanée de la conscience. Le premier venu se révèle compétent en beauté morale ; d’abord il peut la produire en lui-même, sans initiation, ensuite elle lui représente un bénéfice possible. À entendre le récit d’une probité, d’un dévouement, d’une magnanimité, on se rassure sur l’inquiétante perversité de l’espèce, on rêve d’un bon domestique ou d’un ami sûr, ou d’une protection généreuse.

48 pages 14×18 cm.

8 €

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