NERVAL LE NYCTALOPE

René Daumal

PRÉAMBULE

  Le premier, et avec un héroïsme dont, seule, peut témoigner une lueur perdue au fond astronomique de moi-même, Daumal ici, ose, et jamais au monde « oser » n’a signifié une telle effrayante attaque désespérée de l’esprit refoulant des murailles vivantes de gardiens-du-seuil, des montagnes de tabous, des continents de refus menaçants qui risquaient de nous engloutir – ose, dis-je, lever un coin du voile d’épouvante sur cette région maudite de notre vie commune, cette région dont la marque sur nous, indélébile en l’éternel, a décidé de beaucoup plus que de l’orientation unique et totale de notre action présente jusqu’à la mort.
Devant l’obligatoire incompréhension de tous je ne me cache pas de la Terreur sacrée qui me prend au rappel de la zone flamboyante, et me bouleverse encore suffisamment aujourd’hui, après toutes les nuits des années écoulées, pour labourer ma poitrine d’un immense sanglot qui n’est pas défaillance. Ah, non, salauds, à mort! car désespérément je le crache à la face d’un monde qui m’a pris à la gorge et qui de moi saura, j’en luis ici serment, le prix d’un unique ASSASSINAT.

R. GILBERT-LECOMTE.
 

32 pages 14×18 cm.

8 €

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