L’œuvre graphique de René Alleau
Entretien avec Bernard Roger. Textes de Camille Coppinger, Gilles Bucherie, Patrick Lepetit, David Nadeau, Jean Viride, Pierre Mollier et René Alleau (extraits inédits des carnets).
« … devant ce que la nature laisse voir, le peintre doit oublier l’homme qui la regarde ».
René Alleau, Carnets.
Pour René Alleau, l’aquarelle fût un moyen de composer des rêves avec de l’eau... Il qualifiait lui-même le peintre de « rêveur définitif ». Expression qu’il avait peut-être emprunté à son ami Philippe Audoin, qui l’avait attribué, quant à lui, à un autre génie littéraire et initié, Maurice Fourré.
L’œuvre graphique de René Alleau n’était encore connue, depuis lors, que de quelques proches. Les rares aquarelles en circulation de son vivant étaient souvent des cadeaux qu’il offrait à ses amis, en toute intimité. Hormis sa participation à la Biennale de Venise en 1986, consacrée à l’art et l’alchimie sous l’invitation d’Arturo Schwarz où il présenta quatre aquarelles et collages, il n’exposa jamais ses créations.
La quasi intégralité de ses œuvres furent retrouvées quelques années après sa mort, dans sa maison à Vallabrix dans le Gard. Les aquarelles, dessins et collages épars, souvent ni datés, ni signés, étaient accompagnés de plusieurs carnets dans lesquels René Alleau consigna pendant près de 35 ans, ses notes, trouvailles et expérimentations. Ses carnets, datés et rédigés de 1966 à 2001, nous donnent quelques repères chronologiques de cette œuvre intemporelle dont la continuité et la discontinuité stylistiques donnent l’impression de flotter dans un océan d’éternité...
Son expérience fût secrète et studieuse. Si l’on en juge par la quantité et les formats, il apparaît que sa modestie sincère – sans enjeux, car libérée du regard approbateur ou non des autres – relevait d’une compréhension profonde de ce qui lie l’infiniment petit à l’infiniment grand – Effet garanti. Chez lui, la quête est intérieure, d’une grande liberté et bien que la majorité de ses aquarelles soient des paysages, il vagabonda parfois nettement vers une imagerie plus surréelle en pratiquant le dessin ou le collage. Son approche en matière d’art fût indéniablement magique, pratiquée de mémoire, loin d’un naturalisme profane. Sur le plan esthétique et sensible, la majorité de ses productions ont plus de rapports avec Turner, Hugo, le romantisme allemand, le symbolisme d’un Moreau ou d’un Redon, le sfumato de la Renaissance ou le rêve du Dürer…
En pratique, ses recettes n’ont rien de moderne. Gilles Bucherie, dans son introduction aux ouvrages Rêveur définitif et Les rêves de l’âme nous informe que « ses aquarelles sont (...) une analyse de techniques anciennes – et, sur ce point, sa science de la peinture fut semblable à celle du savoir alchimique ».
20 x 28 cm. Dos carré collé. 120 pages.
33 €